Le 27 mai dernier avait lieu la seconde grève des assistant·es d’éducation appelée à l’initiative par un collectif d’AED récemment monté avec le soutien de SUDéducation72. Si une délégation a été reçue à la DSDEN, l’administration semble sourde aux réalités du terrain. Les discussions qui se sont déroulées lors de ces grèves ont mis en lumière la précarité persistante dans la profession tant sur le plan salarial que dans les conditions de travail. Malgré une mobilisation importante – en avril, 10% des AED de la Sarthe étaient en grève - les réponses de la DSDEN (Direction des Services Départementaux de l’Éducation Nationale) n’ont pas été à la hauteur des attentes.
Les revendications des personnels
Les grévistes ont exprimé des revendications claires et urgentes pour améliorer leurs conditions de travail et garantir une stabilité professionnelle essentielle à leurs missions éducatives. Parmi ces demandes figuraient :
- La prolongation des CDD : Les agents demandent des contrats allant de 2 à 3 ans au lieu de la précarité des CDD de 1 an, souvent reconduits sans garantie, exposant les personnels à des discriminations à l’embauche.
- La CDIsation : Une régularisation plus systématique et effective des contrats en CDI pour permettre une stabilité professionnelle.
- Une grille indiciaire : La mise en place d’un barème salarial clair et équitable, permettant de valoriser les personnels et de sortir tous et toutes les AED, en CDI et en CDD, de la précarité.
- La lutte contre le management toxique : le mépris des AED souvent considérés comme de la main d’œuvre corvéable doit cesser !
- Un recentrement des missions des AED en concertation avec elles et eux : en effet, les assistant·es d’éducation se voient contraint·es à gérer de plus en plus de tâches, notamment administratives, sans que cela entraîne une revalorisation salariale. S. un des grévistes présents nous explique : « Les missions des CPE dans les vies scolaires évoluent, on crée un pôle administratif de chefs, les AED font de plus en plus d’administratifs [qui était auparavant pris en charge par les CPE], si on fait de l’administratif, on n’est pas avec les élèves, on ne communique pas non plus avec les enseignants…. Tout le monde y perd. »
Motivés non seulement par la lutte pour l’amélioration des conditions des personnels mais aussi par le souci de fournir un encadrement de qualité aux élèves, une délégation s’est rendue à la DSDEN.
Une réponse insuffisante de la DSDEN
Lors de la rencontre avec la DSDEN, les grévistes ont été confrontés à une réponse principalement axée sur des considérations administratives et institutionnelles, loin des préoccupations humaines et éducatives portées par les agents.
Les représentants départementaux ont bien été en peine de répondre lorsqu’une membre de la délégation a expliqué que lors de l’ouverture d’une filière BTS dans un lycée, les dotations en AED restent les mêmes, tandis que le nombre de jeunes dans l’établissement augmente considérablement, entrainant de fait une surcharge de travail et une baisse de l’accompagnement pour les élèves.
En ce qui concerne la baisse des moyens alloués aux AED, il a été expliqué qu’ils ne sont pas réduits, que des ajustements annuels sont faits en fonction des effectifs, conduisant de fait à des redéploiements souvent mal vécus.
Le sujet de la grille salariale a rapidement été évincé puisqu’il a été clairement expliqué que ces négociations relèvent de chaque académie, générant une logique au cas par cas peu cohérente avec les principes d’un service public national. Les augmentations salariales sont donc le résultat de négociation au cas par cas.
Enfin, le maintien d’un nombre important de CDD est justifié par la « nécessité de service », pourtant comme nous l’explique S. à la sortie de la délégation : « l’argument de la nécessité de service permet de nous laisser dans la précarité, en réalité sur le terrain, il y a toujours besoin de nous et de façon pérenne ».
Ces réponses, qui se veulent techniques et procédurales, n’ont pas apporté de solutions concrètes aux problèmes spécifiques et ont renforcé le sentiment d’être face à un mur administratif. La DSDEN s’est positionnée comme un « relais » d’information vers les instances supérieures, sans véritable possibilité de négociation ou de dialogue sur les revendications des personnels grévistes.
Au-delà des revendications spécifiques, cette mobilisation met en lumière des enjeux structurels pour l’Éducation nationale. La précarité des agents de vie scolaire et des AED, combinée à une gestion éclatée et souvent incompréhensible des ressources humaines et des salaires, reflète une crise plus profonde du système éducatif qui, en plus d’impacter les personnels, impacte en dernière instance la qualité de l’éducation proposée aux jeunes.
Les revendications des personnels de vie scolaire et des AED ne se limitent pas à des revendications matérielles ; elles traduisent un besoin urgent de reconnaître les enjeux humains, éducatifs et sociaux liés à leurs missions. L’absence de réponses satisfaisantes de la DSDEN souligne l’urgence de renforcer les mobilisations, de développer des actions concrètes pour sortir ces professions de la précarité.
SUD éducation 72 continuera de soutenir les AED mobilisé.es et de porter ces revendications avec elles et eux afin d’obtenir une réforme structurelle pour un service public éducatif à la hauteur des attentes des personnels et des élèves.
Il est urgent de réfléchir à des perspectives concrètes comme celles proposées par S. à la sortie de l’entretien : « on nous a clairement dit qu’il fallait faire du cas par cas pour la cdisation et les salaires, nous on pense au contraire que ça doit être collectif, qu’on n’obtiendra satisfaction que par le rapport de force. Il faudra sans doute proposer d’autres grèves d’AED élargies à l’ensemble des personnels de l’éducation nationale qui pour la majorité nous soutiennent et qui maintenant doivent nous soutenir dans notre mobilisation ».