Année blanche… année noire pour les agent·es du service public
Le gel pendant un an de toute évolution de nos rémunérations et prestations sociales (allocations familiales, allocations logements, AAH…) va paupériser encore plus les collègues aux plus bas revenus (AESH, AED, cat C et B), et donc particulièrement les femmes. Ce nouveau gel se cumule aux nombreux gels ou augmentations très inférieures à l’inflation depuis plus de 20 ans, qui ont déjà entraîné une perte de 26% du pouvoir d'achat des agent·es du service public ! Sans oublier que depuis mars 2025, le traitement des agent·es de la fonction publique est amputé de 10 % en cas d'arrêt maladie, grévant lourdement les rémunérations des collègues malades.
2 jours fériés supprimés : travailler plus pour gagner moins
En souhaitant supprimer 2 jours fériés chômés, Bayrou fait le choix de faire travailler gratuitement les salarié·es qui vont offrir de leur salaire pour les actionnaires et les patrons !
C’est une perte de 200€/an pour un salaire de 2800€ net/mois (salaire médian dans l’EN)
Suppression de postes de fonctionnaires
3000 suppressions de postes et un tiers des départs non remplacés dans la fonction publique… Alors que l’on manque de collègues dans tous les établissements et tous les services et que nos conditions de travail se dégradent, Bayrou met à sac les services publics.
Gel du barème des impôts
En supprimant l’indexation des seuils et barèmes fiscaux sur l’inflation, de nombreux·euses collègues (et principalement les bas revenus et personnes seules) vont devenir imposables, changer de tranches et perdre des prestations sociales (bourses pour les enfants…). Des centaines d’euros en moins chaque année pour les personnes qui en ont le plus besoin !
C’est pas la crise pour tout le monde…
Contrairement à ce que tente de nous expliquer Bayrou, il n’y a pas de crise des dépenses publiques, mais bien une crise des recettes publiques.
- Bouclier fiscal en 2006 : 3 Md€
- CICE depuis 2013 : 263 Md€
- Baisse de l’impôt sur les sociétés en 2017 : 11 Md€
- Suppression de l’ISF en 2018 : 4,5 Md€
- Aides publiques aux entreprises en 2023 : 211 Md€
La dette publique est creusée par les cadeaux fiscaux dont les riches et les entreprises ont bénéficié sans aucune contrepartie sociale ni écologique. S’il y a un “accro à la dépense publique”, c’est bien le patronat. Seule nouvelle dépense : les milliards pour le budget de la Défense, avec notamment un effort accru pour la militarisation et l’enrôlement de la jeunesse.
En comparaison à ces milliards de cadeaux aux entreprises qui reversent des dividendes et licencient :
- Budget de l’Éducation nationale (hors pensions) : 55 milliards
- Budget de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (hors pensions) : 26,7 milliards
L’école à sec
Les gouvernements successifs ont largement abîmé l’école. Le projet de budget de Bayrou s’y attaque une fois de plus.
Les personnels ne cessent de subir la casse du service public d’éducation : Une caporalisation toujours plus forte réforme après réforme, des salaires qui stagnent surtout en milieu de carrière, des injonctions paradoxales qui se multiplient. Face à l’austérité imposée, les conditions de travail et d’accueil des élèves se dégradent : services administratifs en sous-effectif, manque de remplaçant·es, inclusion sans moyen, classes surchargées, manque de personnels médico-sociaux, , AESH sous-rémunéré·es et privé·es de statut … À cause des attaques des gouvernements successifs, l’éducation n'attire plus, et l'institution fait tout pour saboter ce qu'il reste de ce service public.
Loin de donner les moyens pour combattre les inégalités sociales, les dernières réformes ont, au contraire, renforcé le tri social des élèves, organisant la fuite vers l’enseignement privé, largement financé sur fonds publics.
Le gouvernement ne porte aucune vision pour la rénovation du bâti scolaire. Cette année encore, personnels et élèves devront subir l'amiante et les passoires thermiques.
L’université à sec
L’an dernier, près de 80% des universités étaient en déficit budgétaire. Avec des conséquences directes sur nos conditions de travail et la qualité du service public. Suppression de postes, gel des campagnes d’emplois, précarité accrue, fermetures de filières et de places, arrêt de la rénovation du bâti.
Pendant ce temps-là le gouvernement continue de verser 8Md€ de crédit impôt recherche à des multinationales sans effets pour la recherche.
En 2025, c’est plus d’1 milliard qui a été retiré au budget de l’ESR. Dans le cadre du PLF 2026, aucune hausse du budget n’est prévue alors que l’inflation, la hausse des prix des fluides et de la rénovation ou la non compensation du GVT rendent exsangues les universités.
SUD éducation revendique :
- l’augmentation des salaires et du point d’indice ;
- l’indexation des salaires sur l’inflation ;
- l’égalité salariale entre les femmes et les hommes ;
- un statut de catégorie B et un salaire revalorisé pour les AESH ;
- la fin des primes inégalitaires et leur intégration dans le salaire ;
- 3% du PIB pour l’ESR ;
- des recrutements à la hauteur pour faire fonctionner le service public, la baisse du nombre d’élèves par classe, des personnels médico-sociaux, des AED ;
- la titularisation de tous les précaires de l’ESR.
Rentrée des classes, rentrée de la lutte des classes : en luttes !
Dès le mois de septembre, il va falloir se mobiliser fortement et durablement pour gagner contre ce plan d’austérité et imposer nos revendications.
Dès la rentrée, SUD éducation déposera dans tous les établissements des heures d’infos syndicales, tiendra des AG avec les collègues pour discuter collectivement de la mobilisation à construire.
Toutes les formes de mobilisations qui popularisent et étendent la contestation et les résistances sont bonnes à construire. Mais il n’y aura probablement pas de raccourcis : pour gagner, il faudra construire un mouvement de grève ancré à la base, puissant et qui tient dans la durée face à un gouvernement et un pouvoir qui n’entendent rien à la colère qui gronde.
Nos résistances, c’est la défense des services publics, il est donc essentiel de se tourner vers les parents d’élèves, les lycéen·nes et les étudiant·es pour mener ces combats toutes et tous ensemble.
Le 10 septembre sera le début d’une rentrée de luttes, contre l’austérité, pour nos conditions de travail, pour le service public de l’EN et de l’ESR.
Le 18 septembre sera aussi une journée de mobilisation et de grève avec l’intersyndicale.
SUD éducation appelle à se mettre en grève dès le 10 septembre et participer massivement à toutes les initiatives et mobilisations.
Pour gagner, s’organiser, lutter ! pas d’économies sur les services publics, pas d’économies sur nos vies !